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» Refoulée le plus souvent par les idées que nous fabriquons de nous-mêmes, la fragilité fait irruption dans notre vie d’une manière inattendue et brutale. Ce sont les épreuves (maladies, décès, guerres, cataclysmes, etc.) qui nous rappellent le caractère chimérique de notre désir de toute-puissance, que ce soit l’obsession de repousser infiniment le vieillissement, la conviction d’être sûrement le plus brillant dans son métier ou le simple rêve d’un bien-être subjectif allant de pair avec une indifférence foncière à l’égard des autres. Puis, cette impuissance éprouvée nous ramène à la dimension corporelle de notre existence que nous partageons avec tous les êtres matériels (animaux, plantes, pierres, etc.). Or, tout être matériel est nécessairement fragile. Dit autrement, tout ce qui est composé est susceptible d’être décomposé. Voilà une évidence naturelle !
Mais faut-il se contenter de ce constat fataliste ? Mieux, suffit-il d’expliquer le problème de la fragilité humaine ? Disons qu’il suffit certes de comprendre la fragilité corporelle inhérente à notre être ainsi qu’à tous les êtres matériels, sans pour autant expliquer le fait que la fragilité humaine devienne un problème. En s’interrogeant sur sa propre fragilité, l’être humain témoigne d’une activité rationnelle qui l’élève au-dessus de tous les corps qui la subissent passivement. »
Texte de Félix Resch, docteur en philosophie.