Pourquoi la prise de conscience est-elle si nécessaire? Pourquoi la conscience nous est-elle salutaire? Pourquoi le fait de devenir conscient de ce que nous ne voulions pas savoir favorise-t-il la levée de nos symptômes?

Je partage ici un texte du psychanalyste J.D. Nasio dans "Oui, la psychanalyse guérit!" qui nous propose une réponse:

"Je répondrai: parce que la prise de conscience du refoulé donne un nom et un sens au refoulé. Ce qui compte, ce n'est pas tant que ce que je refoule et refuse de savoir monte à ma conscience. Non, ce qui compte, c'est que, grâce à l'intervention du thérapeute, je prends conscience émue et réfléchi du refoulé qui fermente à l'intérieur de moi. Quand j'écris "conscience réfléchie", je veux dire que je fais plus qu'être conscient de ce qui est, je donne un sens à ce qui est. Quand disons-nous que le refoulé prend un sens? Si le refoulé est, par exemple, une ancienne émotion violente vécue par un enfant lors d'un traumatisme - un abandon, une séduction abusive ou une maltraitance -, cette émotion, cette douleur sourde et pénétrante qui s'empare de l'enfant sans qu'il puisse l'identifier, reste enfermée dans l'inconscient de l'enfant et se manifestera plus tard, dans la vie adulte, sous la forme de divers symptômes ou de comportements conflictuels. Or, cette vieille douleur traumatique erre isolée dans l'inconscient sans aucune attache qui la relie à la conscience ni aucune représentation consciente qui la nomme; c'est justement l'absence d'un nom, du nom que l'enfant n'a pas pu lui donner lors du traumatisme, qui fait que cette émotion est une émotion nocive. Et, inversement, nous dirons que ladite émotions traumatique cesse d'être nocive quand, en la reliant à d'autres émotions, à d'autres pensées et à d'autres évènements de l'histoire du patient, on lui trouve un nom qui la nomme et le rôle qu'elle joue dans l'univers du sujet... C'est alors que ladite émotion prend un sens.... Aussi, une émotion traumatique est virulente si elle reste isolée dans l'inconscient, et perd de sa virulence si on lui ouvre les portes de la conscience."